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Revue n°7

Pouvoirs et résistances

Automne - Hiver 2019

Edito 

Pour le numéro 4 de notre revue, nous avions décidé d’étendre le même thème sur deux numéros consécutifs, pour le déployer plus largement. Le numéro 6 traitait des relations entre pouvoir et résistance, à un niveau collectif et individuel. Dans le numéro 7 nous poursuivons cette recherche, en insistant sur l’interdépendance de ces relations.

 

Toute chose devient résistante dès lors que son effort pour persévérer rencontre une force qui tend à l’amoindrir, à la contrarier, voire à lui ôter son existence. L’individu·e est touché·e dans son corps par quelque chose qu’il subit, que ce soit la violence, la maladie, la précarité, l’exil, et cela transforme son existence. Ces souffrances ont une dimension collective, et reflètent la manière dont la société exerce son pouvoir par la guerre, par le racisme et la xénophobie, par la domination du capitalisme et de l’image.

En partant de ce constat, il nous est apparu indispensable de questionner nos propres relations aux pouvoirs et nos formes de résistance, collectives et individuelles.


 

Depuis trois ans nous rendons visibles des photographes femmes. Cela pour essayer de freiner l’emprise du pouvoir sur les images diffusées, qui uniformisent le regard, donc excluent (que ce soit en termes de représentation de genre, de classe, de race, ou de toute différence vis-à-vis de la norme), et aussi pour construire des liens plus égalitaires entre les formes artistiques articulées autour de l’image et de ses médiatisations.

La résistance vient de là où la violence a été transformée par celles et ceux qui la subissent. Car si la logique de pouvoir structure à l’avance le champ de l’agir défensif, les corps travaillent en retour les normes qui les constituent. Comme le dit Elsa Dorlin, les dispositifs de pouvoir procèdent : “[…] en ciblant ce qui relève d’une force, d’un élan, d’un mouvement polarisé à se défendre, balisant pour certain.e.s sa trajectoire, favorisant son déploiement par un cadre légitime, sa possibilité même, rendant cet élan inhabile, hésitant ou dangereux, menaçant, pour autrui comme pour soi-même.” 1 Les deux forces antagonistes, pouvoir et résistance, se font face.

 

Pour faire front, nous avons choisi des photographes qui relèvent le défi d’une résistance qui s’ancre dans leur expérience et la connaissance intime de leur sujet. Elles se battent pour donner à voir ce qu’elles ont vu ou vécu, pour montrer que la résistance passe déjà par son propre corps pour ensuite s’étendre à une forme d’altérité.

Nous faisons confiance aux savoirs singuliers de l’individu·e et à son regard.

Notre savoir est d’être au monde, avec comme forme de résistance une éthique commune du respect de toutes et tous, qu’elles qu’elles soient et quels qu’ils soient.

 

Si c’est bien du réel et de sa représentation que l’on parle, les appuis dans d’autres disciplines permettent une compréhension du monde plus puissante. La photographie, notre outil, assure d’autant plus sa fonction de transmission du visible quand elle fait lien avec la politique, la sociologie, la philosophie et la psychanalyse [...]

Isabelle Gressier

Publié.e.s dans ce numéro //

Les photographes : Zofia Stefanie / Bruna Marcela / Oganova Dina / Gay Olivia / Lagarde Estelle / Suárez Teresa / Gressier Isabelle / Nguyên Thi Kim lan / Masséus Marinka 

Les auteur.e.s :  Gressier Isabelle / Blézat Mathilde / Lagarde Estelle / Oliveira Szpacenkopf Maria Izabel

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