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Survivalist, de Léa Habourdin

Monographie à paraître courant 2017 aux éditions FUEGO BOOKS

65 photographies et dessins – 1 texte de fiction

©Léa Habourdin - Survivalist


Catastrophe imminente, une menace indéfinie, photographies de paysages vidés de toute présence humaine, documents manuscrits, temps post-apocalyptique. Il se noue ici une tension dramatique où phénomènes climatiques insolites, objets saisis dans une troublante solennité, prédateurs et corps humain tronqués, tordus, déformés composent une atmosphère de violence et d’angoisse.

C’est un anti-manuel de survie que nous avons devant les yeux, qui révèle avec ironie l’absurdité de cette stratégie d’anticipation. Les allusions au temps pré-historique ne sont qu’une imitation, un déguisement. Les flèches, dessinées d’après des plans d’évacuation d’hôtels, indiquaient à l’origine le chemin à suivre pour être assuré de trouver l’issue de secours. Mais isolées de leur contexte, elles ne pointent désormais plus vers rien, tout comme les questionnements des Survivalistes « treillis-rangers » du texte de fiction accompagnant ce travail: « Et s’il n’y avait plus du tout d’eau potable ? Et s’il faisait extrêmement froid ? ».

Alors subsistent les images, qui interrogent notre rapport conflictuel à la nature. La survie en dehors de la civilisation exige de renouer avec nos instincts fondamentaux, et les prédateurs représentés ici mettent en lumière la part animale qu’il nous faut développer pour avoir une chance de survie dans ce monde de l’après : donner priorité aux besoins élémentaires, être aux aguets, sentir le danger, trouver un refuge, savoir ce qui est comestible. Mais c’est un constat d’échec : les humains apparaissent comme engourdis, vulnérables et se contentent de mimer de façon grotesque des postures menaçantes. Ces photographies nous mettent devant notre impuissance et notre défiance vis-à-vis d’une vie sauvage avec laquelle nous avons coupé les liens et dont nous ne connaissons plus rien.


« …Puis tu t’étais dit qu’il y avait pourtant des choses qui ne changeraient jamais et tu avais cherché autour de toi. Il y a d’abord eu les pierres, les rochers, les falaises, les montagnes. Tu as fait ce que tu avais appelé pompeusement « l’inventaire subjectif de ce qui ne changera pas », un premier pas. Et puis le reste. Tu as pensé qu’il fallait savoir faire un feu par toi-même. Tu voulais maîtriser au moins ça, avoir chaud, doucement tu t’es dis «si jamais, si jamais ça arrive je serai prête, s’il ne restait plus rien que moi je serai prête, je vivrai. » PRÉVOIR – extrait –


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